Ryad Boudebouz, auteur d'un début de saison remarqué avec Sochaux, se veut ambitieux avant de défier l'OM, samedi. «C'est le moment de les prendre», assure le numéro 10 des Jaune et Bleu. Entretien exclusif avec un authentique amoureux du ballon rond, qui considère le football avant tout comme un jeu. (Photo Presse-Sports)

«Ryad Boudebouz, la défaite contre Bastia (0-2) en Coupe de la Ligue fait tache dans votre bon début de saison.
C'est difficile à digérer. Maintenant, on n'a pas non plus tout misé sur cette Coupe. Notre objectif, c'est le Championnat. Le plus important, c'est samedi à Marseille. Il ne faut pas baisser la tête. Contre Nice, on a fait un gros match et on ne peut pas avoir tout perdu en trois jours.

N'y a-t-il pas eu un relâchement après le beau succès sur Nice (4-0) et l'euphorie qui s'en est suivie?

Peut-être qu'on les a involontairement sous-estimés. On connaît la réalité, que ce soit contre n'importe quelle équipe, si on ne gagne pas les duels et qu'on ne s'engage pas à 100%, on va perdre. Maintenant, notre objectif est d'aller chercher quelque chose à Marseille.

On vous sent très ambitieux avant de défier le champion en titre au Vélodrome.
Bien sûr, on va à Marseille pour prendre au minimum un point. On n'y va pas pour défendre mais pour développer notre jeu et ramener le nul ou s'imposer.

Surtout que l'OM tâtonne encore et dispute un match de C1 contre Chelsea mardi prochain.
C'est le moment de les prendre. Ils ne réalisent pas le début de Championnat qu'on attendait d'eux alors forcément on se dit que... Peut-être qu'ils penseront déjà à cette rencontre de Ligue des champions. C'est à nous d'aller les chercher et de jouer.

«J'aime avoir des responsabilités»

Avec le départ de Stéphane Dalmat (à Rennes), les clés du jeu sochalien sont entre vos mains et celles de Marvin Martin.
C'est à nous de montrer que l'on peut prendre le jeu à notre compte. Déjà chez les jeunes, Marvin et moi aimions organiser, faire jouer les autres. Qu'on prenne désormais les commandes en pro est la suite logique. Le coach nous parle beaucoup, il nous explique ce qu'il attend de nous, idem pour les anciens comme Jérémie Bréchet ou Damien Perquis.

Connaissant vos qualités - techniques notamment -, il existe une certaine attente autour de vous, ce qui entraîne immanquablement un peu d'impatience lorsque que vous manquez de constance. Il faut le rappeler, vous n'avez que 20 ans...
L'âge n'a pas d'importance, j'aime avoir des responsabilités, en prendre, parler dans une équipe même si je suis l'un des plus jeunes. C'est mon jeu, je suis comme ça. Il faut que je continue à travailler pour pouvoir, déjà, enchaîner les matches. Jouer tous les trois jours, pour moi, c'est difficile. Je fais attention à bien m'entraîner, à bien m'hydrater, à avoir une bonne hygiène de vie. Ce sont ces aspects-là qui me permettront de progresser.

Vous avez tendance à disparaître de la circulation en cours de rencontre.
Ce sont des périodes dans les matches où on me trouve moins. Je n'y fais pas trop attention, j'essaie toujours d'être le plus présent possible. La régularité, je la cherche et je pense qu'avec le travail elle viendra. Je ne me fais pas de souci. On peut avoir le talent qu'on veut, il faut toujours travailler.

«Le football est un jeu où il faut prendre et donner du plaisir»

Après le lob de 50 mètres réalisé sur le terrain de Monaco en mars dernier, vous avez déjà inscrits deux buts spectaculaires cette saison.
Je n'ai pas trop l'habitude de marquer des buts aussi beaux, des frappes de loin, des reprises. Il faut du culot et de l'audace. J'aime tenter des choses. Après, ça marche ou pas. Là, ça me réussit. S'il faut mettre des buts depuis la surface de réparation, à ras de terre, devant le gardien... peu importe. Qu'ils soient moins spectaculaires mais que j'en inscrive plus, ça m'ira très bien.

Et ce geste du X avec les bras, que vous faites avec Marvin Martin, pour célébrer vos buts. Qu'est-ce qu'il signifie ?
(Rires) C'est la famille. C'est parti d'un délire avec Marvin et mes frères quand on était plus petits. Il venait souvent chez moi à Colmar et on s'était dit si un jour on est professionnels et qu'on marque, ce sera notre signe, notre dédicace pour mes frères, à son frère, à nos potes. Depuis, c'est resté et à chaque but c'est comme ça.

Dans France Football de ce vendredi 24 septembre, Francis Gillot déclare à votre sujet : «Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il s'amuse sur un terrain. Il joue en fait, il aime le football

J'ai grandi dans un quartier où tous les jours je jouais au foot. Après l'école, c'était toujours le foot. Quand je ne joue pas pendant un ou deux jours, je ne suis pas bien. Quand l'entraînement est terminé, j'aime faire des frappes en plus, m'amuser. Avant d'être sérieux, le football est un jeu où il faut prendre et donner du plaisir aux gens qui paient leur place.

«Algérie-Angleterre, un souvenir inoubliable»

Vous avez joué en équipe de France des moins de 17 ans puis des moins de 19 avant d'opter pour la sélection algérienne.
Le choix s'est fait naturellement. La question s'est posée et j'ai décidé de jouer pour l'Algérie. Mes parents et mes frères étaient d'accord et la décision a été prise. Je pense avoir fait le bon choix. J'ai déjà joué une Coupe du monde à 20 ans. Un joueur comme Nicolas Anelka a dû attendre d'en avoir 31 et même des joueurs de classe mondiale n'ont pas la chance d'en avoir disputée une.

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué au Mondial sud-africain ?
L'entrée sur le terrain contre l'Angleterre (0-0, le 18 juin). 60 000 spectateurs, l'hymne national, tout le monde debout... C'est un souvenir inoubliable.

Enfin, quelques mots sur vos objectifs personnels à plus ou moins long terme ?

Déjà penser à bien passer les paliers et progresser à Sochaux, où j'ai mes potes, mon entourage, avant de découvrir un Championnat étranger. La Liga et la Premier League sont ceux qui m'attirent le plus mais je suis jeune et j'ai le temps.»