Benchikha joue à la roulette Russe 

 

La nouvelle est tombée, vendredi dernier lors de la publication de la liste des 22 joueurs sélectionnés pour le match Luxembourg-Algérie, Abdelhak Benchikha a écarté 7 joueurs pour en incorporer 8 autres. Les joueurs écartés sont Belhadj, Ghezzal, Abdoun, Bellaid, Ziaya, Laïfaoui et Lounes Gaouaoui, ils ont été remplacés par Metref, Benyamina, Zerdab, Aoudia, Meftah, Mostefa, Mesloub et Cedric Si Mohamed. La manière brutale dont avec laquelle le changement s’est opéré, sans que les joueurs écartés ne reçoivent le moindre appel explicatif, signifie que le head coach des Verts à l’intention de se passer de leur services pendant toute la durée de ce contrat. Selon toute vraisemblance, il ne s’agit pas d’une mise à l’écart conjoncturelle destinée à tester de nouveaux joueurs face à un adversaire « dit » modeste, ou encore d’une mise à l’écart « thérapeutique » destinée à produire un « électrochoc » chez des joueurs qui n’auraient plus la « grinta » et qui se croyaient titulaires à vie. Il s’agit plus d’une révolution de palais, d’un homme compétiteur, qui n’arrive toujours pas à encaisser ce qui restera dans les livres d’histoires du football Algérien, comme la déroute de Bangui.

Car il faut le dire, Abdelhak Benchikha est l’un des sélectionneurs de l’équipe nationale, qui a eu la prise de fonction la plus difficile et la plus désorganisée de l’histoire. Il a pris ses fonctions au lendemain de la démission surprise de Rabah Saadane, consécutive à un match nul, dans tous les sens du terme, Algérie-Tanzanie qui sentait la fin de règne, avec pour première mission de préparer un deuxième match Centrafrique-Algérie,  devenu capital, avec le groupe de joueurs et le staff de son prédécesseur, tout cela dans une ambiance nauséabonde de rancœurs et de règlements de comptes d’après mondial, qui a fait ressembler la partie de football qui s’est jouée à Bangui, à la chute de l’Empire Romain.

Comme il fallait s’y attendre, à Bangui, ce fameux dimanche, le succès ne fut pas au rendez vous et dès le lendemain matin, toute la rue Algérienne s’est réveillée avec un gros mal de tête et Benchikha, très esseulé, lisait dans la presse nationale, que sa place était déjà menacée et que sa « tête » se jouerai sur le résultat du match Algérie-Maroc, qui allait se dérouler le 25 mars prochain, au stade Tchaker de Blida.

A partir de ce moment là, le nouveau sélectionneur national à compris qu’il ne devait compter que sur lui-même, et qu’il avait sa réussite ou son échec entre ses mains. Sa seule planche de salut, faire table rase du « système Saadane », et  profiter des deux dernières joutes amicales précédent le match du Maroc, face au Luxembourg et à la Tunisie, pour essayer d’inverser la courbe descendante des Fennecs depuis le match de Khartoum. Faire table rase du système Saadane, ça a été dans un premier temps, de « liquider » ce qu’il restait du staff précédent en mutant l’entraîneur des gardiens Belhadji et en poussant Zoheir Djelloul vers la sortie avec sans nul doute, « un parachute doré » pour installer son propre staff, ce qui parait plus logique en soit.

La deuxième étape, la plus difficile, a consisté à écarter certains « cadres », qui ne donnaient plus satisfaction depuis un bon moment, mais qu’on avait du mal à enlever car ils avaient fait la campagne qui s’est terminée à Oum Dormane, le tour en autobus impérial et étaient sous contrat avec le sponsor principal des Verts. Ces cadres, Benchikha avait déjà dans son agenda électronique, les noms de leurs remplaçants : certains locaux qui avaient fait avec lui la campagne du CHAN, et d’autres pros, qui étaient dans l’antichambre de l’EN depuis l’ère Rabah Saadane et dont on différait l’appel pour ne pas froisser les joueurs déjà en place.

Cette deuxième étape, Abdelhak Benchikha, vient de l’achever, avec le soutien de la presse et de la rue Algérienne qui réclamait des changements, au lendemain de la défaite de Bangui, que certains nommèrent : « ZIGUINCHOR bis ». Le problème, c’est qu’on a l’impression, que dans cette deuxième étape, Benchikha n’a bénéficié d’aucun soutien de sa hiérarchie, qui semble par son silence, au lendemain des réactions mécontentes des joueurs écartés, souligner le caractère unilatéral de la décision du sélectionneur national. Et comme son nom l’indique, une décision unilatérale s’assume seul au moment du bilan.

Connaissant la versatilité du public Algérien, en cas d’échec de sa politique, Abdelhak Benchikha serait le seul à en payer les pots cassés. En prenant ses responsabilités, contrairement à son prédécesseur qui était tout en concertation, Abdelhak Benchikha n’a-t-il pas joué à la roulette russe ?

Mohamed Bouguerra