Saphir Taïder, la pierre précieuse de Grenoble



L'histoire du football algérien et tunisien, deux pays frères et frontaliers, est jonchée de joueurs issus de couples mixtes qui, suivant les affinités qu'ils ont avec l'un des deux pays, ont enfilé le maillot vert des Fennecs algériens, ou le maillot rouge des Aigles de Carthage tunisiens.

On peut citer par exemple le regretté Hedi Ben Rekhissa, la star de l'Esperance de Tunis et qui, algéro-tunisien, avait choisi de porter le maillot de la Tunisie, et plus récemment Habib Bellaïd, qui lui, au contraire de Ben Rekhissa, avait fait le choix de l'Algérie. Par contre, il n'y a pas trace de deux membres d'une même fratrie, qui auraient joué l'un pour l'Algérie et l'autre pour la Tunisie.

Cela va peut-être se passer prochainement, si Saphir Taïder, cet Algéro-Tunisien de 18 ans, talentueux milieu de Grenoble, en division deux française, international français U18, décide d'opter pour les Fennecs. Car Saphir n'est autre que le jeune frère de l'ex-coéquipier de Rafik Saïfi à Lorient, Nabil Taïder, qui est pour sa part, international tunisien.

C'est un Saphir Taïder qui effectue une très bonne saison, dans un club grenoblois en pleine déconfiture, avec 9 apparitions en championnat de Ligue 2, 4 en tant que titulaire et 5 en tant que remplaçant, 452 minutes jouées pour un but inscrit, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions.

Pouvez-vous vous présenter au public algérien ?
Je m'appelle Saphir Taïder, je suis né en 1992, donc j'ai 18 ans, et je suis milieu de terrain au Grenoble Foot 38, qui évolue en Ligue 2, en France.

Quel a été votre parcours footballistique ?
Je suis né à Toulouse, en France, une ville que j'ai quittée à l'âge de quinze ans pour intégrer le centre de formation du GF38, un club où je suis toujours actuellement puisque cet été, j'y ai signé mon premier contrat professionnel après une bonne saison avec l'équipe réserve, en CFA.

Vous oubliez votre baptême du feu, en Ligue 1, en avril dernier, à Marseille s'il vous plaît ?
Oui c'est vrai, c'est ce match qui m'a servi de test grandeur nature qui a accéléré les choses.

Commencer sa carrière en Ligue 1, au stade Vélodrome de Marseille, face au futur champion, un grand moment j'imagine...
Honnêtement, il n'y a pas une meilleure façon de démarrer une carrière de haut niveau. Entrer, à peine 18 ans, dans un stade de 60 000 personnes chauffées à blanc, c'est grandiose.

On annonce dans la presse et les sites spécialisés que vous êtes beaucoup suivi par des clubs étrangers. Vous pouvez nous en parler ?
Oui c'est vrai, j'ai des touches en Espagne et en Italie, mais pour le moment, je suis au GF38 et en fin de saison, si une bonne opportunité se présente à moi, je la saisirai incha Allah.

Vous êtes international français U19, les Bleus c'est votre choix ?
Non, pour le moment je n'ai fait aucun choix. J'ai joué un match en EDF U19, face à l'Autriche, où j'ai même marqué un but, mais pour le moment, je n'ai pas fait de choix.

Vous êtes d'origine algérienne et tunisienne. Pouvez-vous nous préciser de quelles villes ?
Je suis originaire de Grande Kabylie par ma mère et de Tunis par mon père.

Etes-vous plus attiré par les Fennecs ou par l'Aigle ?
Franchement, j'aime et je respecte mes deux pays. J'ai la chance de pouvoir prétendre à deux sélections respectables et glorieuses, je ne ferme la porte à aucune des deux équipes car je me donne encore du temps avant de choisir. Et ce jour-là, je choisirai l'équipe qui m'offrira le meilleur challenge sportif et humain.

Pourquoi avez-vous besoin de temps ? Combien de temps ?
La réponse est très simple, je n'ai que dix-huit ans, c'est ma première année en temps que professionnel et comme vous l'avez si bien dit tout à l'heure, mon club traverse  une crise. Je me donne deux ou trois ans, pour consolider ma position, signer durablement dans un bon club et ensuite je penserai sélection nationale. L'Algérie a plus intérêt à récupérer un joueur titulaire dans un bon club, qu'un jeune qui se retrouvera sans club parce qu'il aura voulu aller plus vite que la musique.

Entretien réalisé par Mohamed Bouguerra
(Lire l'intégralité de l'interview dans l'hebdomadaire le Temps des sports)