FAHEM : L’avenir du foot Freestyle Algérien

Fahem Regrag, dit Fahem Freestyle, en arrivant troisième du dernier championnat de France, est arrivé de manière fracassante, dans le gotha mondial du Foot Freestyle . Ce « sport urbain », très tendance et donc très populaire chez les jeunes, inspiré du football, et des arts de rue, apparentés au Hip Hop, voit s’affronter deux adversaires dans des matchs appelés « Battle ». Lors de ces Battles, le but des deux protagonistes est de réussir les plus beaux gestes techniques devant un jury qui doit désigner le vainqueur. Le jury juge à la fois les difficultés techniques mais aussi le côté artistique des mouvements.

Fahem  est une sorte de surdoué du Foot Freestyle, et est, à seulement 20 ans, la plus grande chance Algérienne d’accrocher le titre de champion du monde un jour. Avec Fahem, l’Algérie ne se contentera plus de participer au championnat du monde, mais elle aura une sérieuse chance d’accrocher le titre. Je vous propose de faire connaissance avec un jeune homme qui ne manque vraiment pas d’ambition et qui du haut de ses 20 ans, ne doute de rien.

« Mon rêve… Etre le premier Algérien champion du monde de Freestyle »

 

 
 

Le Temps : Fahem, pouvez vous vous présenter au public Algérien ?

Fahem : Je m’appelle Fahem Regrag dit « Fahem Freestyle », j’ai 20 ans, je suis Algérien, j’habite à Bordeaux en France et je pratique le Foot Freestyle, un sport urbain qui est en plein boum. J’ai décidé il ya peu, de vivre de ma passion, en pratiquant, depuis peu, le Freestyle de manière professionnelle puisque je vis des différents Shows et des différentes exhibitions à travers le monde avec mon crew (groupe de Freestylers) « Authentics ». J’ai fini troisième du dernier championnat de France.

Le Temps : Vous êtes originaire d’où en Algérie ?

Fahem : Je suis originaire de la wilaya de Bejaia, plus précisément de la ville d’El Kseur.

Le Temps : Vous connaissez bien l’Algérie ?

Fahem : Bien sur que je connais l’Algérie, j’y retourne d’ailleurs très souvent, malgré mon emploi du temps très chargé. J’y ai toute ma famille et beaucoup d’amis. Surtout à El Kseur, d’où je viens.

Le Temps : On ne se réveille pas un matin en disant : «  Je vais devenir Freestyleur !» Comment êtes vous venu à ce sport ?

Fahem : En fait, depuis que je sais marcher, j’ai toujours joué au football et j’ai toujours aimé, comme tous les Algériens, les gestes techniques et les dribbles. A 15 ans, j’ai été repéré à Bordeaux, par des recruteurs de l’Olympique de Marseille, qui m’ont proposé d’intégrer leur centre de formation. J’ai du refuser car mes parents étaient hostiles à mon départ de la maison pour l’OM. Ce départ manqué vers Marseille aura été sans nulle doute, un tournant dans ma carrière puisque je me suis ensuite orienté vers le Futsal, où là, j’ai vraiment utilisé ma technique sans complexes et dans un plus petit périmètre en tentant à chaque fois d’apprendre des gestes techniques pour impressionner mes amis. Un jour, j’ai vu la vidéo d’un Freestyler Chinois sur youtube, c’était phénoménal, et je me suis immédiatement dit : «  c’est ce que je veux faire ». J’ai attrapé un ballon, et me suis entraîné pour essayer de refaire les techniques que j’avais vu dans la vidéo et qui me paraissaient inaccessibles. Après quelques entraînements, et à ma grande surprise, j’ai réussi à refaire les techniques et depuis ce jour, je me suis investi à fond dans le Freestyle et je ne me suis plus arrêté jusqu’à aujourd’hui.

Le Temps : Est-ce que ce sport peut se pratiquer facilement ? Parce que lorsqu’on vous voit en action, ça à l’air compliqué non ?

Fahem : Franchement, la force de ce sport, c’est que c’est la liberté totale. Pas de fédération, pas de licence et pas besoin de matériel spécifique et onéreux. Il n’ya aucune barrière ni d’âge, ni de sexe et ni de taille. Tout le monde peut le pratiquer de 7 à 77 ans et n’importe où, dans un gymnase, un stade, un champ, une rue ou une gare, il suffit juste d’un ballon, de volonté, de passion et de beaucoup de travail pour réussir des gestes techniques. Moi par exemple, je m’entraîne trois heures par jour.

Le Temps : Le niveau du Freestyle en France est très haut, et pourtant vous avez réussi à finir troisième. Une grosse performance …

Fahem : En France, cette discipline sportive, qui s’inspire énormément du mouvement hip hop, est en plein essor et draine énormément de jeunes que l’on voit s’entrainer dans tous les city stades et les quartiers des quatre coins du pays. Cet engouement et cette généralisation de la pratique, ont fait progresser le niveau Français. En ce qui me concerne, j’avais travaillé énormément pour préparer ce championnat de France pour arriver au top le jour J. J’ai joué crânement ma chance et el hamdoullah ça a payé, car plus la compétition est importante et plus la pression est importante et plus je me surpasse. En plus, je pense en toute modestie que ma performance ce jour là valait plus que cette troisième place que m’a donnée le jury, mais bon …

Le Temps : Après le championnat de France, et vu votre talent, on a envie de voir ce que vous donnez en championnat du monde. Pas vous ?

Fahem : Disputer le championnat du monde de Freestyle ça serait le rêve mais c’est vraiment compliqué…

Le Temps : Pourquoi est-ce si compliqué ?

Fahem : Parce que pour participer aux championnats du monde Redbull, il faut participer à un « Battle » national, une sorte de championnat national pour élire le champion d’Algérie qui sera qualifié pour le championnat du monde. Si je participe au détections Françaises et que je me qualifie, je devrais représenter la France et non l’Algérie. Et moi, c’est sous le maillot Algérien, que je veux participer.

Le Temps : Aux derniers championnats du monde en Afrique du sud, il y avait pourtant un représentant Algérien non ?

Fahem : Oui c’est vrai, mais il s’agissait d’une « Wild Card », une invitation du comité d’organisation pour développer la discipline en Algérie. Mais aujourd’hui, la situation n’est plus la même, puisque nous sommes plusieurs Freestylers Algériens à prétendre à représenter notre pays à la Redbull World cup. Moi j’aimerais, participer devant mon public, en Algérie à un championnat d’Algérie qualificatif pour le mondial du Freestyle et même si je ne me qualifie pas, c’est que j’aurais été battu par plus fort que moi et le bénéfice en reviendra au Freestyle Algérien, qui s’en sortira grandi ,car le candidat Algérien sera l’égal des autres candidats et n’aura pas bénéficié d’un quelconque passe droit des organisateurs. En plus, on aura régalé notre public et fait parler de notre sport.

Le Temps : Vous tenez donc plus à développer le Foot Freestyle en Algérie qu’à faire une grande carrière ?

Fahem : Si je peux avoir les deux ça serait pas mal aussi (rire). Plus sérieusement, en temps que Freestyler, j’ai pour obligation de faire découvrir ma discipline aux néophytes pour inciter le maximum de personne à pratiquer ce sport génial. Etant Algérien, j’ai choisi mon pays comme chantier pour essayer d’y installer durablement le Freestyle. La mission est loin d’être difficile parce qu’il suffit de se promener dans n’importe quelle rue de notre pays pour y voir des Freestylers en puissance réaliser des prouesses techniques qui, avec juste un peu de musique et un peu d’organisation, pourrait régaler les foules.

Le Temps : Que faut-il faire selon vous ?

Fahem : Moi et mon agent, Mohamed Aribi, avons déjà commencé à défricher le terrain pour essayer de faire bouger les choses en Algérie. Pas seulement pour faire des éxhibitions rémunérées non, notre projet va au-delà. Nous voulons organiser des grands évènements autour du Freestyle foot mais aussi du Freestyle basket en Algérie, de la compétition avec l’organisation de « Battles » opposant sur le sol Algérien les meilleurs Freestylers Algériens et des Freestylers du reste du monde mais aussi des opérations de vulgarisation du Freestyle auprès des jeunes, et pourquoi pas dans les écoles et les quartiers difficiles aux quatre coins du pays. C’est vrai que le Freestyle est mon gagne pain, mais pour les enfants Algériens et les défavorisés, je m’engage à venir gratuitement, pour que les sponsors sachent que leur argent ne sera utilisé que pour l’organisation de ces évènements.

Le Temps : Vous effectuez, avec votre groupe ou « crew » comme vous dîtes, les Authentics, des shows dans le monde entier, tout au long de l’année. Avez-vous prévu des escales Algériennes dans ce tour du monde du Freestyle ?

Fahem : Oui il ya une association, nommée « Rêves d’enfants », qui s’occupe d’aider et d’améliorer le quotidien des enfants orphelins en Algérie. Ils nous ont contacté pour faire une série de shows  pour les enfants et nous avons accepté tout de suite.

Le Temps : Fahem, à seulement 20 ans, votre rêve, c’est quoi ?

Fahem : Mon rêve… Etre le premier Algérien champion du monde de Freestyle, entrer dans l’histoire du sport national et me servir de cette renommée pour amener des sponsors et devenir organisateur d’évènements Freestyle en Algérie, en faisant partie du jury cette fois ci et aider des jeunes Algériens à percer.

Le Temps : Qu’avez-vous à dire aux jeunes Algérien, qui vont lire cet article et qui vont avoir envie de se lancer dans le Freestyle ?

Fahem : Foncez les gars et les filles, regardez des vidéos de Freestyle sur youtube, prenez un vieux ballon et lancez-vous. C’est comme ça qu’on a tous commencé et si vous vous accrochez à votre rêve inchallah, un jour vous vivrez de votre passion et vous disputerez des Battles dans le monde entier

Le Temps : Un dernier mot ?

Juste un appel à toutes les personnes de bonnes volonté et les sponsors, qui seraient prêt à nous aider à développer le Freestyle en Algérie et à organiser des évènements ; ils peuvent me contacter par mail à [email protected]

 [email protected] .Un petit bonjour aussi à tout le peuple Algérien en général, aux gens d’El Kseur en particulier, à Mohamed Aribi et à tout mon crew Authentics : Samy, Gautier, Francky, Habib et Clément, j’espère que je n’ai oublié personne et bien sur merci de parler du Freestyle.

Entretien réalisé par Mohamed BOUGUERRA