«Raouraoua m'a demandé de donner le match au Ahly»

 

 


La guerre que mène le président de la JS Kabylie, Moh Cherif Hannachi, contre le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, vient de prendre des proportions très graves avec les accusations que le premier nommé vient de porter à l'encontre du second.

Le président du club des Canaris, destinataire d'un fax de la FAF jeudi dernier, vient d'être suspendu pour deux ans de toute fonction officielle au sein de son club, sanction assortie d'une amende de 100 000 DA, pour outrage et atteinte à l'honneur de la fédération et à l'un de ses membres,

et ce, en vertu de l'article 79 du code disciplinaire des championnats du football professionnel. «Je vais attendre dix jours, après cela j'informerai les institutions du pays, puis je saisirai le TAS international et, s'il le faut, le président de la Fifa, Joseph  Blatter», a tenu à préciser Hannachi lors d'une conférence de presse tenue hier matin au siège de la JSK.

C'est donc l'ultimatum que Hannachi a donné à Raouraoua pour qu'il fasse revenir la commission de l'éthique de la FAF sur sa décision. Selon le président de la JSK, Mohamed Raouraoua, aurait tout fait pour casser la JSK. Il s'est demandé «pourquoi n'ont-ils pas publié cette sanction sur le site internet de la FAF ou celui de la ligue nationale ?»

Mais ce n'était rien par rapport à ce qu'il allait révéler par la suite. En effet, toujours selon Hannachi, Raouraoua aurait promis de payer les frais du transport aérien de la JSK au Nigeria lors de la dernière Ligue des champions d'Afrique, à la condition qu'il «vende» le match retour de cette même compétition ayant opposé son équipe à celle du Ahly du Caire.

«J'ai des témoins qui étaient présents lorsque le président de la FAF m'a contacté», a-t-il ajouté, avant d'enchaîner que «l'honneur de la JSK ne se vend pas». Le premier responsable du club de la Kabylie ne s'est pas arrêté là. Il est allé encore plus loin dans ses déclarations, en descendant en flammes Raouraoua, qui a à ses yeux tout manigancé pour casser la JSK, à travers sa personne.

«Il a commencé à nous créer des problèmes juste à notre retour du Nigeria. Au lieu de nous féliciter pour notre qualification et notre brillant parcours, il nous a envoyé un fax pour nous demander de payer les frais de déplacement au Nigeria. Il est revenu à la charge en demi-finale aller, à Lubumbashi, en me privant d'être sur le banc de touche.» Et Hannachi d'enchaîner : «Au match retour, il a déroulé le tapis rouge au TP Mazembe, en mettant à sa disposition tous les moyens nécessaires.

C'est vraiment grave.» Il a poursuivi : «Trouvez-vous normal qu'il soit absent le jour du match de la demi-finale retour, préférant se rendre en Tunisie sur invitation de la chaîne de télévision Nessma TV ? C'est honteux pour lui. Ce monsieur a tout fait pour casser la JSK.» Hannachi défie même le président de la FAF en l'invitant à un face-à-face devant le bureau fédéral ou au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Mais pourquoi donc Raouraoua aurait-il demandé à Hannachi de «vendre» le match contre le Ahly et que visait-il par une telle démarche extrasportive qui n'aurait, en aucun cas, honoré le football algérien en général et la JSK en particulier ? «Il voulait par là plaire à ses maîtres du Caire, lui qui vise maintenant la tête de la CAF, alors qu'en 2001 seulement, il était encore inconnu au bataillon», a déclaré Hannachi, qui ajoute que c'est lui qui l'avait placé à la tête de la FAF en 2001.

Sur un autre registre, le président de la JSK estime que le football est très mal géré dans notre pays. Selon lui, «il faut le rendre aux footballeurs». «A aucun moment des gens comme Mekhloufi, Madjer ou Khalef n'ont été sollicités par ces soi-disant dirigeants du football. C'est absurde», assomme-t-il.

Par cet acharnement du président de la JSK à l'encontre de celui de la FAF, ce feuilleton est loin d'en être à sa fin. Il a même rebondi et pris une tournure aux relents gravissimes. Il ne fait aucun doute que le président de la FAF, absent actuellement d'Algérie, ne va pas rester sans réagir.

Il y a tout lieu de croire que cette affaire va s'achever devant les tribunaux car les accusations de Hannachi sont bien trop graves pour croire un seul instant qu'elles ne seront d'aucun effet sur Raouraoua. Les jours qui viennent vont être marqués par ce duel qui est loin d'honorer le football algérien.

Par Aïssa Moussi