Nadir Belhadj : « Je méritais au moins un coup de téléphone. »

C’est un Nadir Belhadj meurtri que nous avons eu au téléphone, ce lundi matin. Un Nadir Belhadj, qui au début de l’entretien, ne voulait faire aucune déclaration, puis qui s’est ravisé devant l’énorme  incompréhension qui est la sienne. Une incompréhension, qui n’est pas due au fond, c'est-à-dire au fait que son nom n’ai pas été couché dans la liste des sélectionnés pour Luxembourg-Algérie non, car seul Abdelhak Benchikha est maître de ses choix. Ce qui a profondément peiné l’arrière gauche d’Al Sadd du Qatar, c’est l’absence de communication du sélectionneur national à son égard.

Le Temps : Nadir, tout d’abord, comment ça se passe pour vous à Doha, au Qatar, et surtout dans votre nouveau club, Al Sadd ?

Nadir Belhadj : Tout se passe bien pour moi ici. J’ai été tellement bien accueilli à mon arrivée, et mis dans les meilleures conditions, que mon intégration dans ce beau pays s’est faite naturellement. En plus, j’ai la chance d’évoluer dans un pays arabe et musulman donc je suis dans un environnement favorable à mon style de vie. Concernant Al Sadd, même si nous venons de perdre 3-1, à domicile face à Qatar SC, nous sommes classés quatrième à quatre points du leader Lekhwiya. Pour le reste, je ne vous apprendrais rien en vous disant que question infrastructures et conditions d’entraînement, Al Sadd n’a rien à envier à Manchester United ou au Real de Madrid.

Le Temps : Votre nom ne figure pas dans la liste des sélectionnés pou affronter le Luxembourg, donnée par Abdelhak Benchikha, samedi dernier. Quelle est votre réaction ?

 Nadir Belhadj : Honnêtement, concernant le fait de ne pas avoir été sélectionné, je n’ai pas de réaction. Cette question, c’est au coach, que vous devez la poser. Moi, j’ai été étonné, de ne recevoir aucun appel, en amont de la publication de la liste, pour me dire que je n’étais pas appelé.

Le Temps : Vous voulez dire qu’Abdelhak Benchikha ne vous a pas appelé ?

Nadir Belhadj : Non il ne m’a pas appelé, ne serait ce que pour me donner la raison de ma non convocation, je méritais bien ça. Je suis en sélection depuis 2004, j’ai toujours répondu à l’appel du pays, dans les bons et surtout les moins bons moments et je fais figure « d’ancien » dans le groupe, je méritais au moins un coup de téléphone.

Le Temps : Cela a l’air de vous affecter ?

Nadir Belhadj : Non je ne suis pas affecté, ce qui, c’est vrai, m’atteint, c’est le manque de bienséance à mon égard. Même si le coach est occupé, je me serais contenté d’un appel de n’importe quel membre du staff ou de la fédération, en rapport avec l’équipe nationale, Boubekeur Cheniouni par exemple, trois jours avant la publication de la liste pour me dire que je ne figurerai pas dans la prochaine liste pour une raison X ou Y et c’est tout.

Le Temps : Justement, comment avez-vous appris la nouvelle ?

Nadir Belhadj : De la plus mauvaise manière qui soit, j’allais me changer dans le vestiaire avant l’entraînement, mon portable a sonné, c’était un de vos confrère journaliste, qui m’a annoncé ma non sélection. Je suis resté sans voix. Honnêtement, trouvez-vous normal qu’un joueur qui a mon ancienneté, mon vécu en équipe national, mérite d’apprendre sa non sélection, après la diffusion de la liste, par un journaliste, qui attend une réaction. Ce n’est pas très professionnel. La communication fait partie du football moderne aujourd’hui. Si j’avais reçu ce coup de téléphone, j’aurais connu la raison de ma mise à l’écart et le coach et moi, aurions une seule version à donner aux médias, la vérité, sans polémiques et sans qu’un journaliste essaye d’obtenir une petite phrase en profitant de l’effet de surprise.

Le Temps : A ceux qui disent que votre mise à l’écart, vous et les six autres joueurs, est due à votre mauvais match en république Centrafricaine. Que répondez-vous ?

Nadir Belhadj : Je répondrais que si le critère de sélection pour Luxembourg-Algérie, c’était d’avoir fait un bon match à Bangui, seul le gardien M’bolhi serait le rescapé de cette rencontre. En Centrafrique, mis à part le gardien, nous avons tous fait un non match. Encore une fois, même si le fait de ne pas être appelé me fait mal, ce qui me fait le plus mal c’est ce manque de considération pour quelqu’un comme moi, qui certes n’est qu’un joueur de football, mais quelqu’un, qui a quand même, durant plus de 51 matchs, fait son devoir envers son pays.

Le Temps : Que pensez-vous des joueurs qu’on a choisi à votre place ?

Nadir Belhadj : Encore une fois, je ne suis contre personne, ce sont des bons joueurs, la plupart je les connais et je leur souhaite de réussir. C’est ça le football, la concurrence. Moi quand j’ai joué ma première sélection face à La Louvière, en Belgique, j’ai pris la place de quelqu’un. Ce qui me déçoit c’est que pour service rendu j’aurais mérité un peu de respect, de considération, un petit appel téléphonique du coach, d’un adjoint, d’un membre du staff ou même du standardiste de la fédération, comme cela se fait dans toutes les sélections du monde.

Le Temps : Un dernier mot ?

Nadir Belhadj : Vive l’Algérie !

Interview réalisée par Mohamed Bouguerra