Il serait passé inaperçu si l’Algérien n’avait pas vécu le pire et surtout n’avait pas compris le cirque de dimanche dernier. Le maquillage était parfait, chacun avait joué son rôle selon le script arrêté grâce à l’intelligence des maîtres des lieux.

Les services de sécurité n’ont rien à se reprocher ce jour là sinon à être plutôt félicités pour avoir accompli leur mission dignement conformément aux orientations de leur hiérarchie. «Regardez et laissez faire», tels seraient le mot d’ordre. Les supporters tunisiens étaient qualifiés de saouls et de drogués par les médias lourds du Caire. Mais faut-il rappeler que les Tunisiens n’ont fait qu’exprimer leur colère devant les gestes et insultes proférés à leur encontre par les fans du Ahly (qui avaient certainement appris la leçon de chose). Qui aurait intérêt à provoquer une poignée de Tunisiens venus encourager leur club dans un stade égyptien qui porte encore les empruntes des faits insultants et le sang des Algériens.

Qui ? Tel est l’enjeu de la très moderne question qui se colle à une autre : qui a instruit les services de sécurité pour qu’ils ne réagissent pas à ce qui s’est passé au niveau des gradins ? Que veut-on prouver ou plutôt démontrer et à qui ? Que les supporters égyptiens sont innocents ? La chaîne télé montrait des images qu’elle voulait, mais une autre vidéo dévoilait que derrière une banderole aux couleurs du Ahly, le massacre est mené par des agents de sécurité en civile mêlés aux supporters. Il se déroulait tranquillement et sans aucune pitié . Quelle honte ! Acte II. Après ce cinéma, le commentateur de la chaîne Nil Sport est passé à une série de questions notamment sur la non réaction du gouvernement égyptien. Il a commencé par le ministre de l’Intérieur, de la Jeunesse et des sports, celui de la Santé et des instances dirigeantes du football à savoir la fédération et la ligue. Pas une condamnation et pas de visite pour blessés au nombre de 18, dit-on. Quel message veulent-ils faire passer et à qui ? Certainement pas aux Algériens. Par téléphone, les présidents du COT, de la FFT et autres sélectionneurs sont intervenus pour condamner ce qui s’est passé.

«Nous ne pouvons tolérer ce qui s’est passé.Nous condamnons fermement ces actes qui portent atteinte aux relations exemplaires entre nos deux pays. Ce sont des drogués et des égarés», ne cessent de claironner le journaliste égyptien. Pour clore cette série de condamnations, le journaliste posera une question prévue à l’avance : «Que réservez-vous à ces drogués et saoulards une fois chez vous !». «Nous pouvons vous assurer que le président de la Fédération a animé une conférence de presse dans laquelle des dispositions seront prises pour sanctionner ces supporters qui ne réussiront pas à porter atteinte à nos excellentes relations…».

Message bien travaillé en direction de l’Algérie et l’Egypte vient de démontrer à sa manière qu’elle ne s’attaque pas à ses invités et c’est toujours ce pays qui est attaqué. La preuve vient d’être faite ce dimanche.