Redressement fiscal, matériel de maintenance défectueux, interdiction d'importation d'équipements, stock de cartes SIM limité, opération de vente bloquée par les autorités algériennes, le premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie vit une période difficile. Finie l'époque où Djezzy était un acteur incontournable dans le paysage économique et médiatique algérien.

L'opérateur de téléphonie mobile Djezzy cumule les déboires. Après le redressement fiscal infligé par les autorités algériennes à cette filiale algérienne du groupe Orascom, l'opérateur fait face à de sérieuses difficultés au niveau de son service de maintenance. Selon nos informations, le service de maintenance de Dejzzy est presque à l'arrêt. On signale des pannes aux quatre coins du pays au niveau des antennes et des relais dont disposent Djezzy. Les techniciens éprouvent d'énormes difficultés à faire fonctionner le matériel déjà utilisé et récupéré. Ces difficultés seraient directement liés à l'embargo imposé par le gouvernement algérien à Djezzy pour l'importation de matériel de téléphonie mobile conséquemment au redressement fiscal de 569,6 millions de dollars (415 millions d’euros) qui lui a été signifié en juillet 2009.

 

Mauvaise qualité du réseau

 

«Si la situation perdure, il serait difficile de pouvoir communiquer avec le réseau Djezzy d'ici la fin de l'année 2010, tranche un technicien de cette entreprise qui a requit l'anonymat. C'est d'autant plus vrai que la durée limite du fonctionnement du matériel installé depuis des années est arrivée à péremption.» Il y a un signe qui ne trompe. La semaine dernière, le journal arabophone Ennahar rapportait dans l'une de ses éditions que le directeur général de Djezzy, Tamar El Mehdi, a piqué une colère homérique au cours de l'un de ses déplacements à l'intérieur du pays en raison de son impossibilité à pouvoir passer des communications téléphoniques via le réseau Djezzy. Notre confrère précisait que le patron de Djezzy a passé un savon mémorable aux responsables de son entreprise. Le parton de Djezzy n'est pas le seul à se plaindre. De nombreux clients qui utilisent les services de Djezzy se plaignent de plus en plus de la mauvaise qualité du réseau de cet opérateur.

Embargo sur l'importation des équipements

 

Les difficultés rencontrées par cet opérateur à pouvoir importer ses équipements est confirmée par l'agence Reuters qui indique dans une dépêche datée du 2 août 2010 que Djezzy est frappé d'interdiction d'importation depuis avril dernier. Cette interdiction fait suite à une décision de la Banque d'Algérie de geler les activités commerciales de Djezzy vers l'étranger en attendant le règlement du contentieux financier. L'une des conséquences de cet embargo est que cet opérateur n'est plus en mesure de s'approvisionner en cartes SIM, ce qui pourrait provoquer un ralentissement de la croissance du nombre d'abonnés. «Djezzy fait face de sérieux problèmes car il n'est plus autorisé à importer du matériel, notamment des cartes SIM, des pièces de rechanges et autres équipements», assure une source non identifiée à l'agence Reuters. Bien que l'opérateur dispose encore d'un stock de cartes SIM, rien n'indique qu'il serait en mesure d'assurer sa croissance et de maintenir son leadership si une telle situation devait perdurer pendant plusieurs mois.

 

Bras de fer entre Alger et Orascom sur la vente de Djezzy

 

Lancé au début des années 2000, Djezzy est devenu le premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie avec quelque 15 millions de clients. Alors qu'il a connu une période faste durant les neuf dernières années, au point de devenir un acteur incontournable dans le paysage économique et médiatique algérien, Djezzy est désormais mis sous pression par les autorités algériennes. Outre le redressement fiscal qui lui a été imposé, l'opérateur est aujourd'hui au centre d'une bataille qui oppose le gouvernement algérien à sa maison mère le Groupe Orascom, propriété de la famille égyptienne Sawiriss. L'objet de ce bras de fer concerne l'avenir Djezzy. Alors qu'Orascom a engagé des discussions avancées avec le groupe sud-africain MTN pour la vente de Djezzy, Alger a opposé son véto en faisant valoir son droit de préemption.

Opération de rachat bloquée, importation d'équipements interdites, réseaux de plus en plus défectueux, le fleuron de la téléphonique mobile algérienne est en passe de connaître la même situation qui a précédé la chute du groupe Khalifa à l'automne 2003.